Des patrimoines à préserver
Les forêts et bois
Les forêts et bois, telles que la forêt Domaniale de Rihoult-Clarmarais, ou la forêt d’Eperlecques sont des reliques des forêts qui entouraient le marais jusqu’au Moyen-Âge. Elles se distinguent par la diversité biologique qu’elles abritent, par leur capacité de stockage de carbone mais aussi par les espaces de détente qu’ils offrent aux habitants et promeneurs de la Réserve de biosphère.
Les landes
Les Landes constituent par leur rareté et leur richesse naturelle des sites privilégiés pour la préservation de la biodiversité. De très nombreuses et diverses espèces d’amphibiens, reptiles, insectes et plantes y trouvent un habitat de qualité exceptionnelle. Le plateau d’Helfaut à Blendecques, dernier site de landes atlantiques au nord de Paris, est ainsi l’un des monuments naturels de l’Audomarois.
La vallée humide de l'Aa
La vallée humide de l’Aa, est essentiellement composée de prairies, bois humides, mares et saules tétards. C’est un site à très forte valeur paysagère riche en espèces de poissons (truites fario, vairons, etc.) et en oiseaux caractéristiques du fond de vallée tels que le martin-pêcheur ou la chouette chevêche. Elle constitue aussi un habitat d’exception pour la préservation d’espèces menacées de chauves-souris.
Faubourg du Haut-Pont
Le faubourg du Haut-Pont, dont l’origine remonterait avant le Moyen Âge, tire son nom d’un pont élevé qui enjambait l’Aa à cet endroit. Caractérisé par ses maisons accolées les unes aux autres, ce fut un quartier très populaire dont la vocation première était portuaire et commerciale avec de nombreux corps de métiers liés à la voie d’eau (faiseurs de bateaux, bateliers, haleurs de bateaux, etc.) mais également de maraîchers.
Aujourd’hui, ses sols marécageux ont pour preuve de leur omniprésence l’église Immaculée Conception qui penche curieusement sur le côté.
Faubourg de Lyzel
Le faubourg de Lyzel (marais de l’île) présente un habitat très différent de son voisin du Haut-Pont. Il a été très marqué par le l’activité maraîchère et conserve ainsi un caractère plus rural. Les maisons sont plus isolées les unes des autres et possèdent parfois des granges qui prolongent le corps d’habitation.
L’eau y est également plus présente. Comme l’indique le plan relief de Saint-Omer daté de 1758, les habitations n’étaient, à l’époque, accessibles que par la voie d’eau. Les aménagements qui ont permis d’y accéder par la terre ferme datent du XIXe siècle seulement.
Le patrimoine culturel
Le marais Audomarois est un écosystème naturel très riche, avec une diversité remarquable de plantes et d’animaux. Mais c’est aussi un écosystème culturel, un terroir où hommes et environnement ont développé une grande dépendance.
Le travail des hommes, leurs déplacements, leur vie communautaire ont été longtemps conditionnés par les caractéristiques du milieu naturel. Pendant des siècles, les hommes ont patiemment modifié ce paysage que nous admirons aujourd’hui.
Le marais Audomarois est indissociable de la vie de ses habitants. Bateaux traditionnels, fêtes locales, noms des rivières et des familles, mais aussi granges, maisons de maraîchers et maisons sur des îles ne sont que quelques exemples de cette richesse culturelle.
Cortège nautique Saint-Omer
Le Cortège Nautique, tient son origine du temps des rois où, pour accueillir les personnages importants, les habitants des faubourgs trainaient les îles flottantes du marais sur le canal en se costumant et allumant des flambeaux. Le cortège est la résurgence de cette tradition.
A présent, chaque dernier dimanche de juillet, des milliers de spectateurs viennent admirer le long le l’Aa et des quais du faubourg du haut-Pont, dans un festival de couleurs, une quinzaine de chars fleuris montés à bords de bacoves !
Le marché sur l’eau
Trouver en un même lieu les fruits, les légumes, le pain, les produits laitiers, la viande ou des objets d’exception faits-main par des artisans aux savoir-faire uniques, c’est le principe des marchés de plein air. Celui de Clairmarais est de ceux qui ont un petit supplément d’âme : il se déroule au bord de l’eau ! La halte fluviale de Clairmarais devient le temps d’une journée un lieu festif où se mêlent producteurs et artisans locaux, curieux et habitants des environs.
Organisé par la société O’Marais by Isnor, le marché sur l’eau se tient à plusieurs reprises chaque été. Restez à l’écoute !
Le patrimoine agricole
L’agriculture est un témoin de l’interaction étroite entre l’Homme et la nature dans le marais Audomarois. Des premiers aménagements hydrauliques datant du VIIIe siècle au développement des activités dès le XIIe siècle, les audomarois ont façonné le paysage et ont contribué à l’évolution d’un marécage en une terre fertile. Aujourd’hui, il s’agit du dernier marais maraîcher de France. Le chou-fleur primeur d’été fait notamment sa renommée.
Voici un aperçu de son histoire
Au cours du Haut Moyen-Âge, le marais est encore proche de son état naturel, inondé et difficile d’accès. Territoire de chasse et de pêche, seules quelques pâtures sont implantées à proximité de l’abbaye Saint-Bertin. Les activités agricoles s’y développement à partir du XIIe siècle grâce aux aménagements hydrauliques. Au XIVe siècle, Saint-Omer compte environ 40 000 habitants intramuros. Afin de nourrir la ville, l’agriculture se développe alors sur les îles du marais pour produire des légumes, quelques céréales et élever le bétail.
Après la 2e moitié du XIXe siècle, l’essor démographique et industriel des régions proches du marais Audomarois, l’apparition du chemin de fer et l’organisation de marchés agricoles à l’échelle nationale transforment l’agriculture dans le marais. Le maraîchage se spécialise sur la production de chou-fleur qui représente alors 40% des cultures du marais.
Dès les années 1960, l’agriculture s’intensifie grâce à la mécanisation des productions. Les maraîchers modifient alors l’environnement du marais pour l’adapter à leur nouveau mode de production et de commercialisation. Des parcelles accessibles uniquement en bateau sont alors équipées de ponts et routes pour permettre l’accès aux engins agricoles. D’autres, face à la mécanisation toujours plus importante, ont été laissées à l’enfrichement, à la plantation de peupleraies ou revendues comme espaces de loisir. Parallèlement, les maraîchers ont créé leur coopérative, la SIPEMA, pour vendre leur production à l’échelle nationale et internationale. La population maraîchère n’a pourtant cessé de diminuer face, notamment, à la difficulté du métier dans un environnement particulier et à la création de nouveaux marchés d’emplois avec le développement de l’entreprise Arc International, des papeteries et des industries d’agroalimentaire.
Aujourd’hui, seuls une trentaine de maraîchers, contre 110 en 1996, exploitent le marais, selon différents modèles de production et de commercialisation. Les éleveurs y occupent 1000 hectares dédiés aux pâturages des vaches et brebis ainsi qu’à la production de foin. Une partie des terres hautes du marais sont cultivées en grandes cultures pour la production de céréales à destination de l’alimentation animale. Tout comme les maraîchers, les éleveurs sont confrontés à des difficultés d’ordre économique et environnemental. La diminution du nombre de prairies s’explique, entre autres, par la diminution du nombre d’éleveurs, le manque d’accessibilité par voie routière de certaines parcelles et les contraintes liées à la zone humide (ravageurs, gestion des niveaux d’eau etc.), et les différentes crises de l’élevage qui se sont succédé.
L’agriculture maraîchère et l’élevage sont de nouveau en voie de transformation, la CAPSO, le Parc Naturel Régional des caps et marais d’Opale et leurs partenaires mettent en place un ensemble de dispositifs pour maintenir l’élevage et le maraîchage et valoriser le patrimoine agricole via :
Les variétés locales et le Potager Conservatoire
Plusieurs variétés locales de légumes sont encore cultivées dans le marais , en voici quelques exemples : le chou-fleur Martinet, l’artichaut Gros vert de Laon, le poireau Leblond, la carotte de Tilques, ou encore le cresson. D’autres variétés de chou-fleur, salade, chou de Bruxelles ou endives ont été collectées grâce au Centre Régional des Ressources Génétiques qui les préserve aujourd’hui dans l’attente de jours meilleurs pour leur valorisation…
Ces jours meilleurs sont d’hors et déjà parvenus jusqu’à nous car ces semences alimentent le nouvel équipement touristique de la Maison du Marais sur le territoire de la Réserve de biosphère du marais Audomarois :
Le Potager Conservatoire
Inauguré le 07 juillet 2021, ses objectifs sont de présenter les légumes, leur histoire locale, leur mode de production mais aussi et surtout l’aspect fondamental de préserver, transmettre et cultiver ces variétés locales. De la chicorée Tête d’anguille au Chou Frisé vert grand du Nord, près de 20 variétés anciennes sont réparties parmi les 1 500 m² du site. Le potager conservatoire vous plonge au cœur de la richesse maraichère Audomaroise. Ces espèces emblématiques du marais ne sont pas visibles à partir des circuits touristiques existants à ce jour, faisant ainsi du potager conservatoire un lieu unique sur le territoire !
De manière libre et gratuite, les visiteurs peuvent à tout moment de l’année profiter des visites offertes par la Maison du Marais ou simplement se laisser guider par les parcours pédagogique adaptés aux adultes et aux enfants. Cet espace étant en constante évolution, chacun peut y observer toute la richesse génétique ainsi que les différents stades de maturité des légumes renouvelés au fil des saisons. Et, qui sait, peut-être que ce lieu fera naître des vocations de maraîchers ? En tout cas nous l’espérons !
Le potager conservatoire a été créé par la Communauté d’Agglomération du Pays de Saint-Omer (CAPSO) dans le cadre du projet européen INTERREG BioCultural Heritage Tourism (BCHT) et financé par le Fonds européen de développement régional (FEDER).